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Semaine des pauvres du 12 au 18 novembre 2018

dimanche 18 novembre 2018, par Jean-Noël, webmestre

Un pauvre crie, le Seigneur entend

« Un pauvre crie ; le Seigneur entend. » (Ps 33, 7). Les paroles du psalmiste deviennent les nôtres lorsque nous rencontrons des situations de souffrance et de marginalisation, dans lesquelles vivent tant de frères et de sœurs que nous avons coutume de désigner par l’appellation générique de « pauvres ». Celui qui écrit ces mots n’est pas étranger à cette condition, bien au contraire. Il fait l’expérience directe de la pauvreté et la transforme cependant en un chant de louange et d’action de grâce au Seigneur. À nous qui sommes concernés par tant de formes de pauvretés, ce psaume nous donne aujourd’hui de comprendre qui sont les véritables pauvres, vers qui nous sommes invités à tourner le regard pour entendre leur cri et reconnaître leurs besoins.
François

extrait du message du pape François pour la Journée mondiale des pauvres, le 18 novembre 2018

Se reconstruire à partir des plus pauvres

Qui suis-je pour écrire une lettre aux catholiques désemparés mais qui veulent résolument rester dans l’espérance, si ce n’est une femme qui aime son Église ? Une femme dont les entrailles se serrent en pensant aux atrocités infligées à des jeunes par des adultes abusant du prestige de leur charge. Avec le pape François, je redis que la douleur de ces victimes innocentes est aussi ma douleur et la douleur de l’Église tout entière.

Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Comment ces abus de pouvoir et de confiance ont-ils pu se produire et rester cachés ? Le pape nomme sans détour cette vision déviante de l’autorité dans l’Église : le cléricalisme, c’est-à-dire le risque de constituer dans nos communautés des cercles d’inégale dignité, fondés sur l’importance supposée des missions. Mais le cléricalisme n’est pas l’apanage des seuls clercs, il peut guetter tout mouvement, toute association. Le Secours catholique-Caritas France n’est pas à l’abri d’une telle dérive. Ainsi, pour accompagner notre projet 2025 qui vise à mettre les plus fragiles au cœur de notre cheminement et de la transformation de la société, il nous a semblé indispensable de questionner notre gouvernance.

Notre ambition est de redonner du pouvoir d’agir aux personnes qui ont l’expérience de la pauvreté ou de l’exclusion afin de repenser et construire avec elles un monde juste et fraternel. Il faut donc accorder nos paroles et nos actes en suscitant leur participation dans nos instances de réflexion et de décisions, à tous les niveaux. Cela ne va pas sans résistance ! Mais nous savons déjà, par expérience, que croiser les savoirs de vie des personnes pauvres, les savoirs académiques des experts, les savoirs très divers de nos salariés et bénévoles est d’une grande fécondité. Les personnes qui subissent quotidiennement la pauvreté sont souvent plus audacieuses que nous. Elles savent ce qui doit changer et vite. Elles nous bousculent et nous apprennent à rêver, mais ensemble nous « rêvons logique », c’est-à-dire avec rigueur et méthode pour transformer concrètement nos vies dans les territoires. Mettre les personnes pauvres au cœur de nos instances et au cœur du cheminement de l’Église ne va pas de soi. Le père Joseph Wresinski disait même que « la priorité aux plus pauvres se place au point de départ, elle n’est jamais acquise chemin faisant ». Et si cette crise que traverse notre Église était l’occasion d’un nouveau départ ? d’une nouvelle façon de faire Église ensemble, avec et à partir des plus pauvres ? C’est-à-dire non seulement leur donner la parole, leur demander leur avis, mais aussi qu’ils soient la mesure de ce qui se vit en Église avec des questions simples : qu’est-ce qui empêche les plus pauvres de venir aux réunions de préparation au baptême ? Qu’est-ce qui les empêche de participer au catéchuménat ? Pourquoi disent-ils « l’Église, c’est pas pour moi ! J’y vais pas le dimanche parce que les gens sont pas comme moi, je me sens jugé. J’y vais quand il n’y a personne » ?

Pour cela, il faut repartir de la contemplation du Christ, le regarder s’identifier aux pauvres et aux petits, aux personnes prostituées, malades, handicapées. Le Christ se fait proche des méprisés, des étrangers, des insignifiants pour une raison théologique fondamentale : révéler l’identité de son Père, ce Père qui aime d’un amour fou, inimaginable, les plus petits. Et le pape nous redit avec force dans « La joie de l’Évangile » que « les pauvres ont beaucoup à nous enseigner… (et que) nous sommes appelés à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux ».

Ce travail est à l’œuvre dans l’Église de France depuis le rassemblement Diaconia qui a réuni en 2013 près de 12 000 personnes de tous horizons, dont plus d’un tiers en situation de précarité, pour célébrer la fraternité et affirmer qu’elle est au centre de la mission de l’Église dans la société. Depuis une vingtaine d’années, les fraternités du Réseau Saint-Laurent, qui réunissent des personnes en précarité autour de l’Évangile, se multiplient. Avec leurs vies cabossées et blessées, ces personnes nous surprennent par leur proximité avec les personnages de l’Évangile, leur capacité à s’identifier aux souffrants, à comprendre les pa- roles du Christ et nous en révéler le sens profond.

L’Université de la solidarité et de la diaconie, en octobre 2017 à Lourdes, a permis de faire encore un pas de plus vers une « Église pauvre pour les pauvres », « une Église joyeuse qui témoigne, prie et vit avec et à partir des plus fragiles ». Une révolution fraternelle est en route, porteuse de cette « transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin ». Il faut que chaque baptisé y prenne sa part. Ce n’est pas pour rien que le pape a voulu « offrir à l’Église la Journée mondiale des pauvres » ! Sachons nous émerveiller de ce cadeau. N’en faisons pas un devoir mais un sommet de nos vies paroissiales, et proclamons haut et fort, en paroles et en actes, avec saint Laurent, que les pauvres sont les trésors de l’Église !

Véronique Fayet
présidente du Secours catholique

extrait de la tribune Lettres aux catholiques qui veulent expérer (5/9) - La Croix du 26 octobre 2018