Accueil > Infos générales > Communications du Pôle > Parole pour un dimanche nº 12 - 22 mars 2020

Parole pour un dimanche nº 12 - 22 mars 2020

lundi 30 mars 2020, par Jean-Noël, webmestre

Parole pour un dimanche nº 12

4e dimanche de Carême - A - 22 mars 2020

De l’aveuglement à la claire vision (Jn 9, 1-41)
La question des disciples face à l’aveugle de naissance n’est-elle pas aussi la nôtre au moment où nous vivons une pandémie dont on ne voit pas encore quelle sera l’issue ? Qui a péché pour que le monde connaisse une telle situation ? La réponse de Jésus est claire : il ne s’agit pas d’un châtiment mais, à travers cette situation, les œuvres de Dieu, si nous savons les discerner, vont pouvoir se manifester.
En ce temps de pandémie, les œuvres de Dieu ne peuvent-elles pas se manifester d’abord par notre propre conversion sous l’impulsion de l’Esprit saint ? Conversion du regard sur soi-même, sur les autres et sur Dieu ? Conversion de notre art de vivre les uns avec les autres ? Conversion de nos jugements souvent péremptoires et définitifs  ?
Cette pandémie n’est-elle pas pour nous comme un appel à sortir de l’aveuglement  ? Ne sommes-nous pas ramenés à l’humilité ? Non, nous ne sommes pas maîtres de notre destin. Non, nous ne pouvons pas tout maîtriser. Non, il n’est pas bon de vivre en permanence à 100 à l’heure, stressés de toutes parts. Oui, la technique est bonne quand elle est au service de la vie et de la relation, pas quand elle nous asservit. N’y a-t-il pas là encore appel à conversion : passer de certaines addictions à un usage réfléchi de nos « joujoux » numériques ? À moins d’être dans des situations d’urgence, nous ne sommes pas obligés d’être immédiatement joignables ! De même, l’économie, le travail, l’entreprise sont au service de l’homme et non l’homme au service de l’économie, du travail ou de l’entreprise. Seul l’être humain est sacré. Cette épreuve ne vient-elle pas nous le rappeler  ?
Peut-être cette épreuve vient-elle également nous rappeler que nous sommes fragiles et mortels. Ne l’avons-nous pas oublié ces dernières décennies quand la course à l’argent, la réussite individuelle, les prouesses techniques semblent être devenues les principales valeurs dans nos sociétés qui se voudraient les plus performantes possibles, au détriment parfois du respect dû à l’être humain et particulièrement au plus fragile, mais aussi à la vie animale et végétale que le Créateur nous a confiée ?
Face à l’aveugle de naissance, il y a diverses réactions : les voisins s’interrogent sur son identité, les parents, voulant éviter les histoires, bottent en touche, la mauvaise foi des pharisiens…
Face à la pandémie, les réactions sont diverses également : depuis ceux qui ne veulent pas voir la gravité de la situation jusqu’aux personnes qui respectent les consignes tout en demeurant attentives, souvent par téléphone, aux personnes seules et fragiles qu’elles connaissent. En n’oubliant pas les personnels de santé dont le dévouement est admirable et tous ceux qui font le maximum pour acheminer et mettre à disposition les denrées nécessaires à notre alimentation. Sans parler de ceux qui profitent de la situation pour s’enrichir…
Dans le récit évangélique, seul l’ancien aveugle voit clair parce qu’il a eu la sagesse et l’humilité de reconnaître sa cécité : il a accepté qu’un Autre, dans un geste créateur rappelant celui de Dieu créant Adam, lui applique de la boue sur ses yeux et il a suivi l’invitation à aller se laver à la piscine de Siloé, rappel du baptême qui nous plonge dans la vie divine et nous fait passer des ténèbres à la lumière (cf. 1 pi 2, 9). Seul cet ancien aveugle voit clair et peut tenir tête aux pharisiens mus par la mauvaise foi : il ne craint pas, en effet, de proclamer sa foi en Celui qui lui a donné de voir la lumière : Si lui [Jésus] n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.
Ne pouvons-nous pas relire cette situation de pandémie comme une invitation à nous laisser ouvrir les yeux par la Parole de Dieu  ? Elle ne cesse, surtout en ce temps de carême, de nous inviter à une vie plus simple, plus sobre, plus relationnelle, plus équilibrée, plus disponible dans un abandon confiant en Celui qui nous invite à nous conduire comme des enfants de lumière — or la lumière, indique saint Paul, a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité. Paul ajoute, reprenant une hymne ancienne : Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera (cf. Eph 5, 8-14).
N’est-ce pas une des leçons que nous pouvons tirer de cette pandémie ? Nous réveiller de notre léthargie, de nos indifférences pour, comme le souligne le premier livre de Samuel (1 Sa 16), regarder au-delà des apparences, car Dieu ne regarde pas comme les hommes, les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. En choisissant David, Dieu n’a pas choisi le plus grand, ni peut-être le plus méritant des fils de Jessé mais le plus jeune, c’est-à-dire le plus faible. Pourquoi donc avoir peur de nos fragilités ? N’est-ce pas dans celles-ci que peut se déployer la puissance de Dieu ? (cf. 2 Co 4, 7 et s.)
De l’aveuglement à la claire vision ! Certes, notre vision actuelle est imparfaite  ; elle le demeurera tant que nous serons sur cette terre : nous marchons en pèlerins comme à tâtons guidés par la fragile lumière de la foi. Nous espérons, un jour, quand Dieu dans sa miséricorde en aura décidé, le voir en pleine lumière et voir le monde avec ses yeux à Lui. Sans doute serons-nous étonnés !
Courage et confiance. Prenons soin les uns des autres ! En communion de prière au cours de la messe de ce 4e dimanche de carême que nous pourrons suivre par la radio, la télévision ou la web TV du diocèse.
Jacques Roger

[|Sois fort, sois fidèle, Israël, Dieu te mène au désert ;
C’est lui dont le bras souverain ouvrit dans la mer un chemin sous tes pas.

Oublie les soutiens du passé, en lui seul ton appui !
C’est lui comme un feu dévorant qui veut aujourd’hui ce creuset pour ta foi.

Il veut, par-delà le désert, te conduire au repos ;
Sur toi resplendit à ses yeux le sang de l’Agneau Immolé dans la nuit.

Poursuis ton exode, Israël, Marche encore vers ta joie !
La vie jaillira de la mort, Dieu passe avec toi et t’arrache à la nuit.
Poursuis ton exode, Israël, marche encore vers ta joie !
|]